samedi 5 décembre 2009

Chapitre X : 6 décembre, saint Nicolas.


San Nicolas de Bari (Italie)

Je vous ai écrit dans mes chapitres précédents que tous les saints ont été d’abord des diables, c’est le cas de saint Nicolas.
Le 4 décembre de la sainte Barbe, quand vous plantez votre blé, le boucher de la légende de saint Nicolas met trois petits enfants au saloir pour entrer dans l’hiver.
Il est l’ogre Saturne/Cronos de la genèse grec. Le Temps qui mange les heures, les jours, les mois, les années et ses enfants.
Je l’ai lu dans le livre pour « enfants » de Catherine Lepagneul : "la Biographie du Père Noël" chez Hachette (1979)
Zeus l’a renversé et attaché au mouvement des planètes. Plus tard il sera enchainé par Jupiter dans le temple romain où l’on garde le trésor public. Mais quand commence les Saturnales, du 17 au 25 décembre, il est libéré de ses chaînes pour que le monde revive avec lui l'âge d'or, d'avant sa chute.
Le Moyen-âge ne l'avait pas oublié. Catherine Lepagneul nous rappelle que les ecclésiastiques de tout rang se déchaînaient avec des déguisements et intronisaient l’évêque des fous le jour de Noël.
Aujourd’hui, 6 décembre, Cronos devance les Saturnales, il entre libre dans l’Avent. Il ne mangera plus d’enfant, tout le contraire, il leur fait des cadeaux, il veut devenir bon. Il se déguise en Nicolas, puis en Père Noël. Mais son visage est toujours aussi rouge, c’est un gros mangeur de viande !
Le Père Noël est une représentation moderne de Cronos. Notre frénésie dépensière pour les cadeaux et les repas est notre rituel des Saturnales, de l’Avent, d’avant l’âge du fer et de son récent entrefer du faire et des affaires à la limite de l'enfer des excroissances polluante, cancérigènes et climatique de la croissance.
Le 31 Cronos retourne à ses chaînes, l’Avent est fini, cela se termine mal pour Lui. En Amérique Latine, il est le Bonhomme de l'An Vieux que l'on brûle. Nous aussi, nous allons le brûler au Carnaval.
Goya l’a peint avec un regard effrayé et halluciné avalant ses enfants. C’est un monstre.
Le 6 janvier, Catherine Lepagnol pense qu’il est aussi l’un de ces mages responsables du massacre des saints Innocents à cause de leurs manque de prudence quand ils révèlent à Hérode qu’un roi plus grand que lui est né !?  
Les rois mages sont probablement des prêtres persans adeptes du culte iranien, militaire et machiste, de Mithra : l’enfant roi qui terrasse à sa naissance un taureau. Mithra est le Soleil Invincible qui renait chaque année le 25 décembre sous les traits d'un enfants, trois jours après le solstice d’hiver.
En fait en y regardant bien, avec leur barbe blanche de patriarche, Cronos, Dieu, le Père Noël, saint Nicolas sont le même être, le Temps qui nous est prêté. (Donné et repris)


Dieu le Père

J’ai écrit la tragédie du Temps en cinq contes, dans un livret de 34 pages illustrées par ma fille Jacqueline Dumont, et édité par l'association Arcaillou. Son titre est : « L’indigestion du père Noël »
Vous pouvez me le commander par mail. Son prix est de 4 euros ou 5 dollars U.S. sans les frais de port.


Couverture du livret




La genèse des Titans : Gaïa, Ouranos et Puntos
Illustration de Jacqueline Dumont



Saturne de Goya, copié chez : Jeanfou

Saint Nicholas : images anglaises




mardi 1 décembre 2009

Chapitre IX : L’énergie haïtienne

Mater Salvatoris 

Les Haïtiens n’ont pas adopté sainte Barbe pour identifier Chango.
Ils ont choisi une icône byzantine imprimée au Mexique, dont le nom écrit en bas de son image est Mater Salvatoris, mais en fait c'est Notre Dame de Czestochowa de Pologne bien connue de nous grâce au syndicat rebelle Solidarnosc et au Pape Jean Paul II, avec peut-être des traits négroïdes légèrement accentués. Cette sainte au visage scarifié par l'esclavage, noire et byzantine est une vierge de deux Tiers Mondes réunis.
Les Haïtiens l'appellent Erzulie Dantor, elle est un guédé vengeur et violent (un guédé est un génie des morts, revoir le chapitre I).
A New York, les Cubains la connaissent parce qu'ils travaillent la santéria avec les Haïtiens et ils l'appellent "Santa Barbara Africana".
Ce dernier nom confirme que sainte Barbe et cette vierge noire représentent la même force : Chango, l'énergie.


Notre Dame de Czestochowa 
 
Elle est d'origine russe (1382) et elle fait partie des collections iconographiques des livres d'art, tel que la célèbre icône de Vladimir "La Vierge de la Tendresse", ou de Crête "Notre dame du Perpétuel Secours".
Si les peuples sous-développés ont besoin de prier les saint Jacques et saint Antoine, etc. .., parce qu'ils ne jouissent pas du bienfait des lois (loas) de la richesse, il est fascinant que l'iconographie orientale, et en particulier la vierge noire de Pologne et Notre Dame du Perpétuel Secours soient tant présentes dans les boutiques parisiennes d'art religieux au détriment de l'iconographie européenne traditionnelle. C'est un signe des temps, des orientations de la religiosité française. Sous le couvert du bon goût et de la valeur artistique, les volontés du ciel ont parfois des chemins détournés pour aboutir à leur fin et dénoncer ce que l’on ne veut pas envisager alors que l'humanité va si mal.
Ne nous y trompons pas, elle est non seulement pauvre, analphabète, d'une intelligence au premier degré, mais elle a subi en plus toutes les humiliations, de la polygamie à l'apartheid. Si d'aventure elle a été abandonnée, elle est devenue une mendiante. Depuis nous ne savons pas les séquelles qu'il y a dans son cœur après être passée par toutes ces psychoses.
Sainte Barbe est une protection contre les coups de grisou au fond des mines de charbon, mais aussi une diablesse responsable des explosions, Mater Salvatoris, mère salvatrice sauve les plus pauvres et a besoin d'être sauvée. Sa sœur, Notre Dame du Perpétuel Secours a besoin d'un perpétuel secours.
Cette vierge noire de Pologne est une terrible révélation, elle annonce des vagues humaines de migrants. Son visage enluminé d'or cache mal sa ressemblance avec une gitane basanée, danseuse, chanteuse, diseuse de bonne aventure, mendiante et manipulatrice. Elle arrive de l’Est dans notre beau pays.
La misère est énergie, un degré d'énergie très faible, mais encore de l'énergie, un Qi selon le taôisme, une énergie de survie avec sa propre stratégie, son commerce et ses lois.
Le génie des Haïtiens est d'avoir reconnu Mater Salvatoris en Chango.
Pauvre comme eux, sans perspectives pour sa nature débordante, elle est cette énergie procréatrice d'enfants dans le Tiers Monde qui nous inquiète tant. C'est une vraie prolétarienne, au sens qu'elle est prolifique. Elle est tigritude selon Wole Soyinka.
La tigritude nous fait la guerre de "Los Runas" (Los Runas sont des guerriers mythologiques de la civilisation des Chimous. Le conte qui suit est du péruvien Léoncio Bueno)
« Guerre de Los Runas. L'ennemi nous tient intoxiqués, jour après jour, il invente de nouvelles machines plus toxiques. Mais malgré tout, nous ne nous lassons pas de faire l'amour. Il ne nous manque pas les forces de la jeunesse. Dure est la guerre, mais plus dur est notre sexe, notre soif de créer et de procréer, cet insatiable appétit d'amour, ce débit de sperme implacable. Eux, ils ont des armées, nous le sexe pour les vaincre. »
Article en anglais sur Mater Salvatoris 

Aventures africaines :
Duduche débarque en Afrique, il est le Candide du 21° siècle, et il va perdre sa candeur. Rien ne sera gratuit pour lui, surtout si c'est trop facile. Le roman de Jean Chatenet "Petits Blancs, vous serez tous manger" illustre bien ce qui attend Duduche. Pourtant ce dernier ne doit pas fuir l'Afrique, si l’Afrique est tigritude, elle est aussi négritude fraternelle. Duduche, comme Candide, est obligé de se dépasser, il trouvera dans l'échange et l'épreuve cette noblesse bleue qu'il a tant cherchée dans l'enseignement de son professeur de philosophie. Le frère de la vierge noire est du petit peuple des Sans-Voix, il appelle Duduche "Patron" au marché d’Ouagadougou et dans toute l'Afrique, parce qu'il attend du travail des occidentaux. Il admet bien mal que nous ne lui en donnons pas, nous qui fabriquons l'argent. Entre son frère et nous, il y a trop de barrages, la diplomatie culpabilisée de nos pays qui se défendent de néocolonialisme, le respect de la souveraineté des états, les élites du Tiers Monde, les projets de coopération bilatérale et internationale plus souvent au service des classes moyennes. Il faut une révolution aux Nations Unies sans précédent pour rejoindre le frère et la sœur de la vierge noire.
Mater Salvatoris est à l'image de ces marées humaines, que l'on nous annonce sur l'Europe, fuyant les désastres climatiques et la famine.
Mater Salvatoris prend la place de la statue de la liberté, dont le visage est tourné vers la mer pour accueillir dans les brumes des pays du nord les bateaux des émigrés.
Mater Salvatoris n'est d'aucun camp, le Conseil de Sécurité des Nations Unies pourrait inquiéter la propagande des Ayatollahs et autres révolutionnaires en brandissant par le canal des médias le sceptre de Mater Salvatoris. Il pourrait écrire son nom en arabesque, conter l'histoire musulmane de sa vie d'esclave et de mendiante, pour que les soldats aux pieds nus d'Iran, d'Irak et d'Ethiopie reconnaissent l'histoire de leur mère.
Ne sont-ils pas plus souvent les fils de l'esclavage que de l'aristocratie ou de la bourgeoisie ?
Nos textes des droits de l'homme sont d'origine trop chrétienne. Nos lois de la liberté sont illisibles et inutiles pour les gens dans la misère, leur souci est ailleurs. Par manque de poésie pour les peuples pauvres, les organismes internationaux sont accusés par certains politiques sans vergogne du Tiers Monde, d'être des suppôts du diable ou du grand capital.
L'Islam refuse les images, mais pas le rêve et la poésie. Bénissons et écrivons le nom de nos saints en écriture sémitique, ils seront plus secrets, plus ésotériques. Ils seront plus saints quand ils seront lus en sourates.
Vierge des énergies, elle brouille les étiquettes religieuses, idéologiques, machistes et féministes, pour nous rassembler autour du secret de polichinelle du développement énergétique de la végétation avec le soleil et le CO2, avec l'eau et la terre organique. Nous le souhaitons tous, sans arriver à nous mobiliser, à nous polariser dans cette voie, (à inverser le référentiel du produit de nos vecteurs).
Cette vierge inquiétante et énigmatique, que nous rencontrons plus que nous ne le voudrions dans les regards des émigrés, est un guide momentané, un guédé par lequel il faudra forcément passer pour rencontrer la vierge Marie, la très belle Ezili, Yemenja, belle, heureuse, amoureuse, grâce au concours des riches !

Texte écrit en 1988, revu et corrigé, extrait du livre Magie Bleue, que vous pouvez consulter:
www.chez.com/jackdumont

Chapitre VIII : 4 décembre, fête de Sainte Barbe

Sainte Barbe est originaire de Nicomédie en Turquie. C'était une jeune fille très pieuse qui désirait entièrement vouer sa vie au service de Dieu. Un jour, son père voulut la marier à un seigneur du pays. Elle lui répondit qu'elle préférait plutôt entrer au couvent que d'épouser cet homme. Contrarié par la volonté inflexible de sa fille, il entra dans une grande colère et il lui trancha la tête. Au même instant il fut foudroyé par un éclair.


La tradition populaire vit un miracle dans cette coïncidence. Depuis le peuple imagine que sainte Barbe domine le tonnerre et les énergies. Elle est devenue la patronne des hommes qui manipulent les explosifs : les artilleurs, les mineurs et les pompiers. Sa statue au pied d'une forteresse est présente au fond de la mine. Elle tient d'une main une redoutable épée et de l'autre elle élève le calice du sang du Christ, le Graal, l'énergie vitale.
A Cuba, dans les cultes africains des saints, sainte Barbe (Santa Barbara Bendita ) est identifiée au dieu Chango du Nigeria et du Bénin. Son nom Chango est aussi présent en Haïti, au Brésil et à New-York, sans s’être déformé comme d'autres noms de Dieu.
Au Nigeria, Chango avec une hache à double tranchant est le symbole de la Compagnie d'Electricité. On le représente à Cuba sous les traits d'un noir herculéen représentant la puissance musculaire, et soulevant une montagne d'or et de pierres précieuses avec un sourire de bonheur indescriptible. Ce mâle vigoureux représente par excellence la première énergie humaine, la force musculaire.


Mais à son arrivée en Amérique, cette énergie masculine fut détrônée par des énergies considérées féminines autrement plus efficaces et se rapprochant beaucoup plus du tonnerre. Il s'agit de la poudre à canon gardée au frais dans la sainte Barbe des bateaux et des énergies thermiques, électriques et nucléaires.
Chango est devenu féminin !
Les dieux peuvent être androgynes.
La force masculine a été supplantée par les énergies féminines provenant du charbon, du pétrole et de l'uranium.
L'archétype de l’énergie existe comme celui du fer avec Ogoun. L'archétype de l'énergie est universel, il établit des relations entre les saints catholiques, le panthéisme grec, notre développement scientifique et nos symboles agnostiques.
Certes, les connaissances des initiés animistes restent obscures et inaccessibles à nos sens. Nous ne savons rien d'eux, mais ils nous apprennent énormément de choses sur nous, sur notre propre monde, sur l'universel.
Grâce aux archétypes nous retrouvons le sacré dans le temporel et le profane.
Le profane n’est donc pas si banal que cela, l’animisme lui donne une dimension sacrée. C'est l'anima des pierres, du fer, de l'or, des quatre éléments.
En écrivant cela je bouscule le profane, je le profane, mais j’en fais aussi une force spirituelle, alors qu'il est sans âme et sans mission pour les agnostiques.
De plus la santéria cubaine nous apprend que tous les saints sont à l'origine d'un diable, de leur contraire. Sainte Barbe illustre bien cette ambiguïté et ambivalence. Elle est tout à la fois la sainte protectrice au fond de la mine des coups de grisou et la diablesse responsable des explosions accidentelles. Elle est comparable à Alfred Nobel qui conçu le prix Nobel de la paix, après avoir inventé la terrible et destructrice nitroglycérine pour faire la guerre.
La divine énergie est la houille blanche des barrages hydrauliques, mais aussi le noir charbon des mines et des crassiers, la mortelle fissure nucléaire de l'uranium, l'or noir des puits enterrés dans le sein sacré de la terre mère dont il procède.
Parmi les Plus Grands Communs Dénominateurs qui nous dominent, il y a le Pétrole et l’Uranium. Nous verrons dans un autre chapitre le Fer. Ce sont des lois (loas, des saints). Quand les Cubains disent Santa Barbara bendita, ils ne se trompent. Le pétrole est béni comme le pain du Notre Père. Le pétrole est le sang du Christ, de la croissance prométhéenne pleine de promesses du progrès, de la croissance qui en verlan est le sens de la croix droite et d'équerre pour la confiance, la finance, le crédit, pour qu'on y croit y croît y croit y croît toujours plus haut dans les tours de la Défense à Paris où l'on récite ce credo de l'angle droit.

Quatre petits contes vitrollais :
Pendant la première guerre du Koweït en 1991, sainte Barbe vomissait son pétrole comme une diablesse dans les eaux de la mer. Allait-elle rendre l'âme ?
Mon collègue, Pierre Marie Collard au lycée Pierre Mendes France de Vitrolles nous rappela le cri de Jacques Prévert : " Quelle connerie la guerre, Qu'es-tu devenue maintenant Barbara, sous cette pluie de fer ".
Par la suite, les pompiers bleus des Nations Unies vinrent sauver Barbara, fille de la Terre, ils soufflèrent sur les puits en flamme.

D'une toute petite décharge électrique est née la musique électronique. A Vitrolles dans notre décharge d'alumine, pour recharger énergiquement ce lieu pollué et stérile, nous avons construit en 1995 un stadium de musique semblable à une enceinte acoustique géante. Tout le monde a vu un sarcophage radioactif allumé la nuit comme un brasero !!!

Le lundi matin 4 décembre 1995, au Lycée Pierre Mendes France l'alarme retentit, nous évacuâmes les salles de classes, nous vîmes arriver les pompiers, il y avait une insolite odeur de gaz dans les cuisines. Finalement c'était une farce de potache, et heureusement une fausse alerte. Le soir même, notre maire Jean Jacques Anglade me dit : « ça boum Jacques ! » Oui, nous étions venus à Fontblanche écouter Madeleine Reberioux, une grande lutteuse des droits de l'homme contre le fascisme. Ce fut un 4 décembre boumant comme je vous le souhaite ce 4 décembre 2009.

Restez calme et plantez votre blé comme à Vitrolles et dans toute la Provence.
Nous sommes sortis du mois des morts. C'est la première fête de décembre, elle est même avant la saint Nicolas, elle nous met dans l'avent et en avant pour bien fêter Noël malgré, et surtout, à cause de nos soucis pour le futur.
http://images.google.fr/images?gbv=2&hl=fr&sa=1&q=chango&btnG=Recherche+d%27images&aq=f&oq=&start=0

mardi 10 novembre 2009

Chapitre VII : Magie des drapeaux (1988)

La musique militaire m'émeut, à qui oserais-je le dire ? Mon grand-père m'a appris à l'aimer. Durant ses cinq ans de vie militaire, il n'a pas connu le pire. Artificier professionnel en 1914, on l'appelait pour déminer. Il était vétéran et donc à l'arrière. Et je dis à mon ami militaire et musicien : "A la guerre, si on te fait prisonnier, dis que tu es musicien".
En 1914, la guerre fit de grands progrès technologiques. Les soldats s’habillèrent en bleu horizon pour ne pas être vu (1).
Mais ce bleu souligne leur innocence, ils ne savent plus très bien pourquoi ils sont là. Ils cherchent une issue dans le bleu du ciel, là où ils pourraient voir leur saint bleu, et sur le champ de bataille ils meurent en rangs serrés dans leur manteau bleu clair.

Aujourd'hui, l'étendard de leur linceul flotte plein d'espoir au palais des Nations Unies. L’Organisation des N.U. est le fruit de nos deux guerres mondiales. Son drapeau bleu drape le monde invisible des morts à la guerre pour nous rassembler autour d’une nouvelle aire de paix et de développement.
Au cours de ces deux guerres mondiales, de nombreux peuples partagèrent les mêmes défunts. Place de l'Etoile à Paris, sous l'Arc de Triomphe, le soldat inconnu est un sans papier de la couleur noire des fumées de la guerre. Symboliquement il a rejoint la négritude présente au front. Rappelons le sacrifice des régiments africains en bleu horizon.
Il a rejoint les génies des morts amis et ennemis qui nous rassemblent autour de l’étendard bleu de l'armée des casques bleus.
Ce drapeau des N.U. consacré par les peuples et les morts est une anticipation symbolique de l'avenir. L'Afrique a trois couleurs préférentielles, ce sont celles du paradis chantées par Bob Marley ; le vert de l'espérance des hommes du désert et de l'Islam, le jaune de la joie, le rouge de la victoire. Au Pérou, le drapeau des indiens est l'arc-en-ciel dont les couleurs sont l'ultraviolet, le violet, l'indigo, le bleu, le vert, le jaune, le rouge, l'infrarouge. En Haïti, l’arc-en-ciel est le serpent de la finance et du crédit qui descend du feu du ciel pour boire l'eau au pied de la divinité féminine: la Terre.
Dans l'arc-en-ciel, bleu tu es au bord du violet, et je te rappellerai à qui appartient le violet. Tu es au bord du vert, de ce vert universel de l'espérance du paradis de la verdure.
Nous avons le violet à notre limite, il s'obtient dans un mélange de bleu et de rouge, de bleu et de victoire, de bleu et de sueur et de sang. Le violet est la couleur des morts et du Christ ; du saint bleu égaré à la guerre (2).
La violence et le violet ont la même première syllabe : le viol...et de la liberté, et de l'amour, et de la vie. Le violet passe dans l'ultra, disparaît dans l'au-delà. Il ressuscite à chaque printemps dans la douce couleur mauve ou pourpre d'une éphémère anémone ; plantée par Aphrodite avec ses larmes mélangées à la dernière goutte du sang de son amant, Adonis, tué par un sanglier envoyé par le jaloux Arès, dieu de la guerre.
De l'autre côté nous avons le vert. Il est le mélange du bleu et du jaune. Sous la bannière bleue des Nations Unies, notre génie militaire peut faire du vert dans le désert. Ce sont les luxueuses lumières technologiques de notre siècle frappant la terre d'Afrique avec l'eau, les énergies et l'inox.
Les militaires, légions des pseudo-anges déchus, retrouveront le sang bleu de leur noblesse perdue s'ils mettent leur génie au service de la féminité de la terre dorée du Sahel.
En 1984, place des Nations Unies à Ouagadougou, l'étoile jaune de la joie se reflète toute dorée dans l'éclair des couleurs vertes et rouges du Burkina. Force potentielle révolutionnaire, éclair pénétrant et surgissant de la terre mère. Avec la volonté de ses militaires, montons l'étoile plus haute pour que la couleur bleue sorte du Faso, pour que l'acier reçoive l'arc électrique de Chango (3), pour que le génie créateur des mécaniciens d'Ogoun installe rails et canalisations dans tout le pays. Pour que la déesse "Terre" féminine et coquette soit avec tous les saints de l'arc-en-ciel du prisme des lumières de la Francophonie.
En 1985, les deux éclairs ont la couleur bleu clair du drapeau des Nations Unies et ils découpent les silhouettes de deux hommes, l'âme bleue de deux soldats inconnus, si inconnus que l'un est noir, l'autre est blanc, ressuscités dans la jeune génération des pionniers aux bérets jaunes, loin des stériles et coûteuses conversations onusiennes de New York, de Genève, de Rome et de Paris, pour semer des étoiles d'or aux épines des arbres de Noël de la sécheresse.


(1) En 1914, ils commencèrent par porter les traditionnelles couleurs rouge et bleu. Deux couleurs trop voyantes dans une guerre moderne où il ne faut pas être vu. De leur côté, les Allemands étaient habillés en vert, les Français choisirent certainement le bleu horizon pour se distinguer d'eux. Malheureusement la cible était encore trop belle. Plus que le bleu, ce mot "horizon" a dû être aimé des soldats et a ouvert un espoir dans leur cœur. L'horizon est une ligne de fuite, d'échappement, c'est le bout du tunnel d'une vie coincée, surtout en temps de guerre, sur un champ de bataille. Pour l'esprit, l'horizon, plein de réverbération entre la terre et le ciel, mélange la vie terrestre à la vie céleste.
(2) Le saint de la guerre est saint Jacques le Majeur sur son cheval blanc, le Matamore de la culture espagnole qui représente pour les Haïtiens Hogou Ferraille. Ces derniers ont adopté en particulier cette image colombienne de Cali que vous voyez en dessous. A Cuba il est Ogoun sous les traits de saint Pierre. Dans la culture anglaise il est saint Georges.
Pour un esprit animiste il est apparu à l'ère du fer, depuis il nous domine. C’est un dénominateur commun à nous tous, un archétype. Mais il est aussi prisonnier de l’entrefer du faire et des affaires à la limite de l’enfer des excroissances polluante, cancérigène et climatique de la croissance.
(3) Chango : dieu africain des énergies.

Chapitre VI : Le paranormal en 1998 au service du ciel et de la Fin des Temps


  En haut à droite dans le tableau, la corruption tend la main vers Dieu
C'est la violence et le sacré en Amérique latine


Buste de Guerra

La première mouture de ce texte a été écrit en novembre 1998.
En 1995 à Aix-en-Provence, j'ai rencontré le peintre colombien Diego Pombo chez mon ami français Mops. Mops avait plusieurs peintures de son ami et le buste d'un noir avec les stigmates du Christ sur les mains. Ce mystérieux personnage a existé, Pombo l'a bien connu et il l'a accompagné jusqu'à son décès à l'hôpital.
On l'appelait "Guerra" et il vaticinait la foule dans les rues de Cali. Guerra a eu un métier, une maison et c'est à un moment donné de sa vie qu'il s'installa dans la rue. Pombo peint Guerra dans des ambiances "freak", en compagnie de nains habillés en militaires, de putains et de saintes auréolées.


Ambiance "freak" (Pombo est à gauche en militaire)


Cette auréole me rappelle celle de Mater Salvatoris :
le guédé Erzulie Dantor,
l'énergie minimum de survie dans le vaudou haitïen (chapitre IX)


Guerra dans l'habit du grand Libérateur Simon Bolivar


Le saint patron de l'université et de la ville de Cali est  saint Jacques le Majeur, Santiago, l'ancien matamore de la reconquête de l'Espagne, le fils du tonnerre et le saint d'espérance chez Dante. Il monte un cheval blanc, l'épée à la main et il écrase les musulmans. L'église de Toulouse demande à l'Espagne de l'oublier car c'est un assassin et un violent.
 Saint Jacques le Majeur imprimé à Cali

Les Haïtiens ont adopté cette image de Cali pour identifier leur "Loi" de la guerre : Hogou Ferraille ou Ogoun, Ogun en espagnol et en portugais. Le choix haïtien est intéressant à plus d'un titre.
Comme les compagnons de Guerra, le saint Jacques de Cali est un nain. Il a le visage d'un adulte avec le corps d'un enfant. Il est pied nu. Guerra est une expression moderne de saint Jacques.

Dans ses œuvres exposées en 96 à Bayonne, Pombo fracture une image du Christ suivant la ligne de clivage entre le masculin et le féminin pour rompre le sexisme païen de l'Église. Un homme se détache de la faille, il met le doigt sur son cœur et la femme lui tend son sein. Pombo est à la frontière du sacrilège. L'abbé intégriste Philippe Laguerie ne manquerait pas de le poursuivre de sa robe, comme il a poursuivi Bettina Rheims et Serge Bramly pour leur femme Jésus aux seins nus sur la croix.



Descente de croix d'une femme, Pombo est le personnage à la casquette

Au même moment Benetton présente ses collections avec des trisomiques 21, et en Angleterre, Nick Knight photographie des handicapés devenus des top-models. C'est plus qu'une promotion pour ces corps souffrants, c'est une transfiguration !
Quel signe est-ce pour nous ? Que craindrait-on ?
Pourquoi les intégristes se fâcheraient-ils ?
C'est un défi de vente, une provocation, une exhibition de la difformité, mais de par ailleurs un grand acte de communication qui transcende toutes les critiques. Les associations des handicapés ne s’y sont pas trompées, elles ont soutenues ces campagnes publicitaires.
Le phénomène de foire est émouvant, à son contact nous touchons la réalité de la vie et son mystère. L’handicap devient une grâce qui confère une légitimité pour entrer en contact avec le monde surnaturel.
Le mystique a toujours eu des relations intimes avec la misère physique et le paranormal. Heureux les pauvres d'esprit. Sainte Thérèse de Lisieux était une malade, sainte Rose de Lima ne se lavait jamais, et Wilgeforte Santa Librada souffre d’hirsutisme dans les Flandres. Pour échapper à un mariage non désiré, dieu lui envoya une barbe, elle fut crucifiée par son père le roi du Portugal. C’est ainsi qu’une femme hermaphrodite monta sur la croix !!
J'établis un lien fondamental entre la mystique et la misère physique, et une deuxième relation avec le vaudou quand Pombo peint des retardés mentaux en musiciens en compagnie d'un aigle et d'un âne.


 La banda de Guerra

En 1998 j'ai eu le sentiment d'un présage qui prit tout son sens avec les top-models de chez Nick Knight et Benetton. Ces mouvements freaks inquiètent bien sûr, ils peuvent apparaître comme la dissolution des mœurs avant coureuses de la Fin des Temps.
Mais la Fin des Temps, ce n'est pas la fin du temps, c'est une délivrance des faux temples qui nous enferment. C'est un "à temps" que nous attendons dans une convergence des temps, où tous les temples s'autodétruiront devant une vérité qui s’imposera à eux dans sa grande évidence. Chaque Temps correspond à un Temple. Il y a beaucoup trop de temples anciens et nouveaux pour une seule vérité. Le Temple de la Fin des Temps, c'est une tente du désert qui se réveille dans un jardin, c'est l'entrée dans le Temps des Jardins. Une vérité commune aux trois monothéismes : le jardin du Paradis.
En attendant "l'à temps", ou l'avent, les artistes et le paranormal sont dans l'air du temps. Ils nous envoient des messages et des présages. Pombo l'a encore fait cet été en 1998 à Châteauneuf-Le-Rouge avec des peintures de personnages apocalyptiques, où pierre et chair se mélangent.

Le Maurepas

Chapitre V : L’archétype féminin

Si les athées peuvent facilement écarter l'idée de Dieu, ils ne peuvent pas ignorer aussi simplement la présence des morts peuplant invisiblement le spirituel et réunis tous ensemble par les mêmes maux répétés avec les mêmes mots qui martèlent inlassablement notre esprit. Sans nous référer à la parapsychologie ou à la métempsycose, les mots a un (r) prés sont les êtres vivants des morts de notre histoire et de ses malheurs, de notre culture et de ses joies, de nos discours et de nos romanciers. En quelques mots de nos génies, en un mot de notre génie. (1)
Les morts nous rassemblent autour de leurs flammes, de leurs monuments de pierre et de leurs statues d'airain. De leur multitude sont nées nos nations, forgés dans l'adversité et la guerre. Il n'y a pas d'institution républicaine qui ne soit le fruit d'un bain de sang, il n'y pas de conquête sociale qui n'ait ses martyrs. De leur sein, comme du sein du grand nombre émergent nos saints pour les chrétiens, nos archétypes pour nos philosophes, nos mythes, nos archaïsmes et notre idiosyncrasie. Dans tous les cas, ils sont nos dénominateurs communs, sinon nos dominateurs quand l'un d'eux supplante tous les autres dans notre société.
De toute évidence il existe d'abord deux archétypes primitifs, l'un est féminin, l'autre masculin.
L'archétype féminin est une reine née de l'écume de la mer, devenue avec les millénaires la terre mère, si grosse, si féconde et si-rène quand, dans son assomption mariale elle devient Marianne pour la République française. De mer, en mère, jusqu'à la mairie de France, là où Monsieur Le Maire nous marie devant son divin buste, elle est la nouvelle sainte Marie dont la sainteté est d'être au-dessus de tous les cultes et de son propre culte. Grâce à quoi, la divinité peut réunir tous les hommes de toutes les confessions sous le même toit.
Un jour elle sortira de son idiosyncrasie trop française, du code napoléonien actuel, de ses frontières étroites et si bien gardées et, elle se métissera. Déjà elle a gagné l'Europe des douze. Europe sera une belle fille libérée, aimée de Zeus, mère de Minos, avec la musique allemande et la tauromachie dans l'âme, des audaces anglaises pour ses chapeaux comme la Reine d’Angleterre, une tendresse familiale italienne, une distinction toute française et plus.
Demain la Sirène sera noire, du Tiers Monde et si-reine aux Nations Unies, qu'elle sera universellement reconnue.
Paradoxalement l'archétype féminin que l'on appelle le sexe faible est d'une grande puissance, il est l'énergie thermique, nucléaire, pétrolifère enterrée dans le sein de la terre, qui a détrôné depuis bien longtemps l'énergie musculaire masculine. Le féminin qui donne la vie, qui symbolise la démocratie est en plus le symbole de la puissance moderne.
Entre l'homme et la terre, il y a la femme, ses intuitions et son bon sens qui préservent ses enfants de la misère noire.
L'archétype masculin, ou plutôt l'empire masculin, est un roi prométhéen qui dirige, établit, construit et transforme le monde. Forgé de l'acier trempé dans le feu, il est l'âme de l'épée à double tranchant du mal et du bien, du mensonge et de la vérité, de Saint Jacques ou d'Allah. Epoux de l'archétype féminin, de sa dague il lui perce le cœur par amour pour la féconder et l'embellir, ou pour faire la guerre et développer des industries guerrières, polluantes et malsaines pour elle.
De cette relation pour le moins épineuse et pimentée apparaît un troisième larron, le serpent qui s'enroule et s'appuie tout le long du caducée de la concorde et des échanges si caducs et hermétiques entre les hommes. Certes ce bâton d'Hermès est caduc. Ce n'est ni l'arbre de vie du Paradis, ni la panacée à tous les maux de la médecine, ni la corde cannabinacée de la soif de Pantagruel à l'universalité. C'est plutôt un commerce social fort mal ficelé, une toile d'araignée qui s'effiloche par tous les bouts.
Voilà en peu de mo(r)ts nos dominateurs amoraux et incontournables qu'il faut harmonieusement ac-corder pour la con-corde sur la terre, comme aux cieux, depuis qu'en 1492 les deux tribunaux divins se détestèrent cord-ialement.
Le Maurepas

Note :
(1) Les mots, sanctifiés par les livres saints, relient le monde lisible au monde spirituel aussi bien que les plus belles images ou les plus beaux et éphémères miracles, qui sont à un (i) près des mages et des oracles, des immanences pour notre futur illisible et invisible.

Chapitre IV : L'enterrement à Vitrolles de notre maire.



Chère Madame Guy Obino,
Chers amis vitrollais,
J’ai pensé à mon père pendant les funérailles de Monsieur Guy Obino. Tous les deux étaient aussi religieux.
La manière que j’ai trouvée de rester en contact avec mon père est de lui dédier mes écrits. Tout ce que j’écris, c’est d’abord à lui que je m'adresse. Dans mes contes du Temps  « L’indigestion du Père Noël » est une réponse à ses inquiétudes philosophiques. Je suis capable d’en faire autant avec Guy, de lui écrire. Avec Guy, je ne savais pas parler de politique, mais de spiritualité, oui. Un samedi matin au local du parti socialiste, il m’a parlé de ce qu’il pensait de ce que l’on devenait après la mort. C’était plein d’espoir et de métamorphoses qui m’étaient inconnues. On ne disparaissait pas à son avis.  J'aurais dû l'enregistrer.  Il l’a peut-être écrit et j’aimerais que quelqu’un s’applique à lire ses notes à ce sujet.
Aujourd’hui je mets des photos dans ce blog pour lui.
Il est décédé non seulement juste sept ans après nous avoir rendu à la normalité républicaine, comme on nous l’a rappelée, mais aussi au début du mois d’octobre quand le ciel de Lima au Pérou devient (morado) violet, un mélange du sang du Nazaréen avec le bleu du ciel. Guy est devenu esprit juste avant la Toussaint, juste avant le mois des morts et de leur neuvaine qui va du 2 au 11 novembre. Je le sens présent, il habite les pensées de nos élus. Guy est là entre eux. Ils ont su faire corps avec lui, avec ses dernières volontés. Ils sont tous très biens, tous sereins.
Quand ce jeudi 8 octobre notre rituel républicain fut de porter sa dépouille, j’étais content. Je revenais de Lima. A Lima j’avais vu la procession du Christ du sanctuaire du couvent de Santa Catalina que vous trouverez en cliquant sur mon profil pour remonter dans mon blogger et ouvrir le blog "La fête des saints au Pérou". Le Nazaréen habite l’âme des Liméniens. La première sortie du Christ des Miracles a eu lieu le 4 octobre, le jour du décès de notre maire. Tous les deux jours, jusqu’au 20 de ce mois mauve, il va d’église en église porté dans la grande Lima par les confréries « las hermandades ».
Quand j’ai vu nos pompiers, nos policiers, nos gendarmes, j’ai pensé aux confréries de Lima. Nous sommes aussi à Vitrolles une confrérie de fraternité républicaine constituée de corps de l’Etat qui luttent pour la sécurité, contre les discriminations, les inégalités et la misère, et demain contre les déserts, car notre futur en dépendra.  
 


Chapitre III : Atelier de poésie en 1993 : "Poséidon"

Dans un esprit d'égalité et de symbiose, pour ne pas favoriser la prépondérance de quelques uns, l'atelier d'écriture de Michelle Garnier Genevois et de Françoise Delors ne put admettre que le hasard des mots pour composer ensemble.
L'atelier fit des cadavres exquis, des poèmes sortis de mots tirés au sort, des assemblages d'objets ramassés dans un terrain vague, et dans le même esprit, il installa des barrages aux messages éventuels, quand bien même il venait du hasard.
Le sacré fut interdit, d'ici qu'il puisse piper le message de foi et de sainteté, et infléchir notre indéterminisme ou le récupérer pour notre chapelle et crier au miracle.
Pas de chance pour mon dada ! Bien que mes compagnons soient des dadaïstes en herbe, ils ne me dirent pas oui quand je les invitai à venir voir l'image de mon saint bleu sur son petit cheval blanc, et de ma petite sainte rose du Pérou "Sarita Colonia" récemment arrivée chez moi par le plus grand des hasards.
On comprit que mon cavalier était saint Jacques, le divin fer Hogou Ferraille dans le vaudou haïtien. Quant à Sarita Colonia c'était la foi des délinquants, des homosexuels et des prostituées au Pérou.



Pas bon. On m'envoya sur les roses avec ma morte en rose. J'en fus un moment tout morose. Mes mots sur les maux des morts devenaient mes maux.


Pourtant les mots de nos morts ne revivent que si nos yeux les ressuscitent quand nous les regardons dans les livres et les dictionnaires où ils se meurent couchés dans les pages blanches des ouvrages, leurs linceuls.
Dans notre monde agnostique, les saints n'ont que le hasard des homonymes aux  multiples sens, comme les ambiguïtés de mes mots préférés : licence, présence, temps, personne.
Les saints n'ont plus que les rimes, les coïncidences, les lapsus, les mots en verlan pour dire et écrire ce que personne ne veut écrire.
Je vais glisser dans ma poésie des "dons des morts, du ciel et des saints", envers et contre tous dans cet atelier de : Poséidon.
Poséidon, c'est fou comme les dieux grecs ont encore la cote chez les athées !
C'est qu'ils n'en ont pas peurs, ils sont sûrs que personne ne peut y croire, pourtant, moi avec le vaudou, je crois à eux, à Cronos et à tous ses enfants : à Poséidon !

Surprise, voilà qu'à un moment donné après avoir écrit sur l'amour, notre atelier sans s'être concerté, écrit sur l'horreur de la mort !

Je leur écrivis que la mort n'est pas si noire, qu'elle est rose comme ma sainte, comme l'habit de scène de Siméon dans le film de Euzan Placy qui passe ce soir aux Lumières, comme les ultimes et belles louanges des oraisons funèbres adressées aux défunts, comme les fleurs fleurissants leurs tombes.
Si le verbe, loué en Olé y Allah, en Alléluia et Aller dans l'invisibilité des pages bleues du ciel, a pour marge aujourd'hui une image rose, c'est parce que nous pouvons voir à Lima le ciel devenir tout mauve dans un mélange ravissant de lilas. D'un lit, là pour notre plaisir comme au paradis d'Ali, premier imam, dont le saint nom est une immanence du lit de l'éden musulman entouré de jardins, de cours d'eau et des sourires des Houris du giron paradisiaque de la terre.
"Chapitre 6 : dans mon blog sur les saints péruviens"
Uu Maurepas
Pour ne pas mourir sans sourire!


Poème de Panchita dans l'atelier de Poséidon
Amis en écriture,
Un coup de dé, jamais......
Mais un coup d'éventail ?
Après avoir longtemps erré ou stagné
Avec nos petits papiers,
Nous voilà réunis autour ... d'un éventail ... nacré !
Celui de Mallarmé !
Sages et attentifs nous avons tout absorbé
Avant d'aller crier ... que le hasard n'existe pas !
Quoiqu'il en soit Dada,
Tu as eu raison de mes doutes
Fallait-il que tu sois fort... petit éventail
Pour provoquer une tempête dans nos têtes et nous lier dans un
Grand éclat de rire et
Un même amour partagé !

Chapitre II : Les mots des maux des morts : Le Maurepas

Les mots appartiennent aux morts. Nous les avons reçu en héritage. Ils sont ce qui reste de vivant de nos morts, de leur génie et de leurs malheurs. Les mots sont les maux de nos morts.
Leurs maux sont si anciens que la couleur violette des violences qu'ils ont subies, fruit du viol de leurs amours, du viol-et de leurs biens et de leurs libertés, est devenu du violet, un violet déteint par le temps, un violet mauve, passé, fané de fleurs plastiques détrempées, abandonnées aux intempéries sur les tombes des cimetières.
Le mauve est la violence oubliée de leurs maux pardonnés.
Le mauve et le violet, sont les couleurs "del Cristo de los Milagros de Lima " au Pérou. Ce sont les maux infligés aux indiens péruviens au nom du Christ par le Matamore Santiago.
Le mauve, c’est de la sueur déteinte en auréoles violettes sur le bleu de chauffe du mineur, de l'ouvrier, et d'Hogou Ferraille en Haïti, d'Ogoun, Ogun à Cuba et au Brésil.
Face à la peur de vivre de ma mère, pour la rassurer et se moquer discrètement de son souci indéterminé de la vie, mon père répétait doctement en décrescendo :
"On a bien des maux, on a bien des maux, ah! mais..."
J'en fis ma philosophie et j'inventai le chemin mauve du pas du maure ; le maurepas des mots des maux des morts.
Les maux sont momentanés, ils ne laissent qu'une trace mauve, ils sont les malheurs d'une mauvaise heure que l'on peut adoucir avec le temps.

Le maurepas

Chapitre I : Mois de novembre, mois des morts, Allo oui ! Halloween !

Vitrolles le 31 octobre 1998
Le mois de novembre commence le 31 octobre quand les frénétiques génies des morts sans génie se précipitent pour être là avant les grands saints de la Toussaint. Ce sont les squelettes, les diables et les sorcières qui se bousculent à nos portes.
C’est les Allô, Oui, des « Tout de suite ».
Les génies d’Halloween veulent devancer les saints et nos défunts.
La Toussaint, prise en sandwich entre Halloween et la fête des morts, se trouve escamotée par les morts. Mais les saints sont aussi des défunts. Alors ce sera trois jours de fête avec les morts. Ensuite une belle neuvaine démarre le 2 novembre et se termine le 11 novembre. Comme quoi le mois de novembre est un mois différent, un mois pour les esprits, un mois de migration pour les grands oiseaux et les prix les moins élevés en avion pour traverser l’Atlantique.
Le 11 novembre, autour des monuments aux morts, sur les places publiques et parfois dans les cimetières, les autorités constituées célèbrent le souvenir des disparus pour la Patrie.
Ces derniers sont les génies de nos institutions nationales, ils sont morts pour infléchir notre destin, notre destination, le destin de notre Nation.
La cérémonie du 11 novembre se perpétue malgré le temps qui a éclairci les rangs des anciens combattants de 14-18. Cette célébration est d'autant plus importante que nous fêtons aussi les morts de toutes les guerres.
L'hiver est proche avec sa morte saison, la date est magique, c'est neuf jours après le 2 novembre, la fin d’une neuvaine si fondamentale pour les âmes oubliées, sans prière le jour de leur enterrement.
Sans le savoir nous gagnons la protection de tous les génies des disparus en nous laissant épingler à la boutonnière un Bleuet de France. Ils nous sont acquis, même si nous les oublions dans un trop bon repas ou en nous promenant toute la journée sur les routes.
Les Africains ne font pas autrement pour les relevailles d'un mort, ils sont avec lui et ils dansent, rient et mangent. Le mort ne s'ennuie pas avec eux, ils font tout pour lui faire oublier son absence physique.
Finalement les saints et les morts étaient tous là le soir du 31 du Allô Oui parce qu'ils aiment trop faire la fête et que c'est la seule fête en France qui dure 12 jours. Les grandes fêtes votives n’existent plus dans notre cher pays.
Seul Haïti a conservé et entretenu dans notre grande Nation francophone les traditions populaires de l'Ancien Régime habité par les saints.
Le jour de la Toussaint, une manifestation équivalente à Halloween a lieu à Port au Prince pour annoncer qu’à minuit ce sera le 2 novembre la fête des morts. Il s'agit des « Guédé ». Dans la journée des personnages habillés de mauve, le visage talqué, sillonnent tous les quartiers comme des feux follets, sans un mot, sans s'arrêter pour personne. Ils annoncent la venue des Guédé.
Le soir, pour cette unique occasion, les péristyles (temples vaudous) seront ouverts à tout le monde. Ils sont illuminés et il y en a partout. Pourtant, il n'est pas sûr, que le jour suivant vous sachiez les retrouver, tant les quartiers sont inextricables.
A l'intérieur, des personnages muets et grimaçants, maquillés de blanc, déguisés de vestes noires et de vieux chapeaux vous serrent de près. Ils possèdent une collection de lunettes cassées, accrochées à leur ceinture qu'ils ne cessent de chausser et de raccrocher sous vos yeux. Ce sont les Guédé, les génies des morts, dont le chef est Baron Samedi.
Baron Samedi est le génie vengeur de la mort du Christ. Il est le Maître du cimetière et il est une force spirituelle extrêmement dangereuse de la magie noire.
Exceptionnellement ce soir là, on ne le craint pas, la foule danse avec ses adeptes de la manière la plus grotesque possible. A minuit tout le monde se presse autour du phallus pourpre de Papa Guédé : le Zozo. On lui chante des chansons paillardes, celles de nos chers carabins. Le phallus sombre et violet circule, il est magnifié, les femmes le caressent, le frottent sur leur corps, l'adorent et l'embrassent, les hommes chantent ses merveilles.

Le culte des saints et des morts
Le culte des saints, les béatifications et les canonisations passent obligatoirement par le culte des morts. On explique ainsi l'absence des prières aux morts chez les protestants, car ils savent que s'occuper des morts développe la foi dans les saints et dans des croyances païennes.
On peut soupçonner aussi l'église catholique française d'aujourd'hui de vouloir oublier délibérément les saints dont elle se croit trop encombrée. Elle le fait par esprit œcuménique avec le protestantisme et l'islam, et pour lutter contre les superstitions. Ce sont aussi les Lumières du 18° siècle tant dénoncées par l'Église parce qu'elles étaient la lumière de Lucifer qui triomphait. Finalement ces Lumières ont gagné la pensée des ecclésiastiques qui ont abandonné les processions des saints.  Ce n'est pas encore le cas de l'Espagne, ni de l'Italie où l'on est attaché aux processions et où Haloween n'a pas le même succès.
Il n'apparaît donc pas étonnant qu'Halloween se soit développé dans la jeunesse des sociétés essentiellement protestantes du nord de l'Europe, en manque du culte des morts et de sa symbolique. Les jeunes les réinventent dans leurs mouvements punks et gothiques, dans leurs tenues aux couleurs anthracites peintes d'ossements blancs et de têtes de morts, dans leurs expressions musicales "House, Métalica, Anthrax, Techno, Métal, Heavy et Glam Métal, Electro, Out Progressive, Hard Rock".
Si cela peut paraître une saine réaction, ils se complaisent dangereusement et à tout moment dans le morbide. Au lieu de s'exaspérer de fureur, de fumée, de bruits à la moindre occasion et sans finalement se rassasier, la jeunesse devrait se défouler à des dates précises et limitées, comme pour Halloween.
Fêtons Halloween le 31octobre et grâce aux fêtes des grands saints nous oublierons le reste de l'année le culte de Satan et des sorcières.
Il y a aussi une autre raison pour le succès de cette fête macabre. Nous savons que la sexualité de l'adolescent se construit avec la découverte de la conscience de la mort. La sexualité et la mort vont de pairs. Nous sommes habités par la pulsion de vie d’Eros et la pulsion de mort de Thanatos. Les limites des plaisirs érotiques pervers, sadomasochistes, les flagellations pour certains sont les frissons morbides de leur Thanatos. Les excès de boissons et de cigarettes sont des suicides. Gainsbourg est l'exemple le plus frappant de cette dérive. S'il est mort, son Guédé est bien vivant. Michael Jackson est un autre exemple de Guédé enchanteur.
Les Guédé en Haïti, ce n'est pas non plus la panacée. Ils ne sont pas désirés dans une cérémonie vaudou. Ils s'invitent tout seuls, leurs obscénités indisposent énormément les grands saints de la magie blanche (amour, fécondité, argent, énergies, technologies, santé, destin, il ne manque que le saint de l’éducation !) Les Guédé provoquent leur départ et ils écourtent la réunion.
C’est la faute au boiteux Papa Legba, Maître Barrière : le gardien du portail du monde de l'invisible.  Il a ouvert la porte du péristyle aux grands saints de l’abondance (fortune, amour, santé). La cérémonie est un succès, mais par la suite, il se laisse gagner par les farces des Guédé et il les introduit au grand dam de tout le monde.
Nos politiques français comme Philippe Seguin n'ont pas à être sidérés pour notre enthousiasme pour la fête d'Halloween d'origine celtique, irlandaise et américaine. Cette fête répond à un besoin universel, naturel et bien normal quand approche le mois de novembre et que nos parents fêtent le 1°, 2 et 11 novembre.


Le mouvement chrétien de nous faire oublier les saints ne date pas d'aujourd'hui. Avant-guerre on décria dans les milieux bien pensants catholiques le mauvais goût de l'imagerie religieuse saint sulpicienne de l'époque de la grande guerre 14-18. On réussit si bien à nous en détourner que les chromos des saints ont complètement disparu des librairies religieuses françaises. Les icônes byzantines ont pris leur place au nom de l'art et du bon goût ! (Lire le chapitre IX : l'énergie haïtienne)
L'église de Rome nous demande depuis quelques années d'abandonner Saint Christophe parce que son histoire de géant est trop païenne. Il en est de même de sainte Livrade ou Wilgeforte qui est une femme barbue crucifiée dans les pays flamands.
Pourtant le Christ est avec les plus petits, avec les pauvres en esprit. Il est avec le mouvement hippie "freak".
Autre exemple, l'église nous escamote le souvenir de Saint Jacques, elle demande à l'Espagne d'oublier son tempérament de matamore.
Heureusement, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et surtout l'Amérique Latine usent et abusent à notre grande surprise des chromos des saints.
En 1970 les Latinos des Caraïbes abhorraient le rock et le hard. A Panama, le rock américain n'existait pas à la radio faute de public et malgré la proximité des États Unis. A côté de la salsa, le rock fait triste figure.
Dans le sud de la France, la tauromachie nous confronte aussi avec la mort et joue ce rôle d'éducation qui manque au pays du Nord.
En ce sens la féria de Nîmes est remarquable. La passion des aficionados pour accompagner le taureau dans sa souffrance jusqu'à sa mort, offre à une foule de non-aficionados une fête de musique généreuse et totalement gratuite. La foule de ces jours là boit beaucoup, mais reste décente, retenue : pas de Punk, pas de bousculade. La latinité l'emporte sur le rock pur et dur.
Devant le temple de Diane situé à proximité des sept sources dont Hercule a épousé la nymphe, il y a une bodega latino-américaine à l'enseigne " Del Toro Enamorado": du taureau amoureux.
On comprend que le taureau miraculé, échappé de l'arène, se réfugie là, près du temple des femmes libres de Diane, où la salsa donne du cœur à danser à tout le monde, même aux unijambistes.