mardi 10 novembre 2009

Chapitre VI : Le paranormal en 1998 au service du ciel et de la Fin des Temps


  En haut à droite dans le tableau, la corruption tend la main vers Dieu
C'est la violence et le sacré en Amérique latine


Buste de Guerra

La première mouture de ce texte a été écrit en novembre 1998.
En 1995 à Aix-en-Provence, j'ai rencontré le peintre colombien Diego Pombo chez mon ami français Mops. Mops avait plusieurs peintures de son ami et le buste d'un noir avec les stigmates du Christ sur les mains. Ce mystérieux personnage a existé, Pombo l'a bien connu et il l'a accompagné jusqu'à son décès à l'hôpital.
On l'appelait "Guerra" et il vaticinait la foule dans les rues de Cali. Guerra a eu un métier, une maison et c'est à un moment donné de sa vie qu'il s'installa dans la rue. Pombo peint Guerra dans des ambiances "freak", en compagnie de nains habillés en militaires, de putains et de saintes auréolées.


Ambiance "freak" (Pombo est à gauche en militaire)


Cette auréole me rappelle celle de Mater Salvatoris :
le guédé Erzulie Dantor,
l'énergie minimum de survie dans le vaudou haitïen (chapitre IX)


Guerra dans l'habit du grand Libérateur Simon Bolivar


Le saint patron de l'université et de la ville de Cali est  saint Jacques le Majeur, Santiago, l'ancien matamore de la reconquête de l'Espagne, le fils du tonnerre et le saint d'espérance chez Dante. Il monte un cheval blanc, l'épée à la main et il écrase les musulmans. L'église de Toulouse demande à l'Espagne de l'oublier car c'est un assassin et un violent.
 Saint Jacques le Majeur imprimé à Cali

Les Haïtiens ont adopté cette image de Cali pour identifier leur "Loi" de la guerre : Hogou Ferraille ou Ogoun, Ogun en espagnol et en portugais. Le choix haïtien est intéressant à plus d'un titre.
Comme les compagnons de Guerra, le saint Jacques de Cali est un nain. Il a le visage d'un adulte avec le corps d'un enfant. Il est pied nu. Guerra est une expression moderne de saint Jacques.

Dans ses œuvres exposées en 96 à Bayonne, Pombo fracture une image du Christ suivant la ligne de clivage entre le masculin et le féminin pour rompre le sexisme païen de l'Église. Un homme se détache de la faille, il met le doigt sur son cœur et la femme lui tend son sein. Pombo est à la frontière du sacrilège. L'abbé intégriste Philippe Laguerie ne manquerait pas de le poursuivre de sa robe, comme il a poursuivi Bettina Rheims et Serge Bramly pour leur femme Jésus aux seins nus sur la croix.



Descente de croix d'une femme, Pombo est le personnage à la casquette

Au même moment Benetton présente ses collections avec des trisomiques 21, et en Angleterre, Nick Knight photographie des handicapés devenus des top-models. C'est plus qu'une promotion pour ces corps souffrants, c'est une transfiguration !
Quel signe est-ce pour nous ? Que craindrait-on ?
Pourquoi les intégristes se fâcheraient-ils ?
C'est un défi de vente, une provocation, une exhibition de la difformité, mais de par ailleurs un grand acte de communication qui transcende toutes les critiques. Les associations des handicapés ne s’y sont pas trompées, elles ont soutenues ces campagnes publicitaires.
Le phénomène de foire est émouvant, à son contact nous touchons la réalité de la vie et son mystère. L’handicap devient une grâce qui confère une légitimité pour entrer en contact avec le monde surnaturel.
Le mystique a toujours eu des relations intimes avec la misère physique et le paranormal. Heureux les pauvres d'esprit. Sainte Thérèse de Lisieux était une malade, sainte Rose de Lima ne se lavait jamais, et Wilgeforte Santa Librada souffre d’hirsutisme dans les Flandres. Pour échapper à un mariage non désiré, dieu lui envoya une barbe, elle fut crucifiée par son père le roi du Portugal. C’est ainsi qu’une femme hermaphrodite monta sur la croix !!
J'établis un lien fondamental entre la mystique et la misère physique, et une deuxième relation avec le vaudou quand Pombo peint des retardés mentaux en musiciens en compagnie d'un aigle et d'un âne.


 La banda de Guerra

En 1998 j'ai eu le sentiment d'un présage qui prit tout son sens avec les top-models de chez Nick Knight et Benetton. Ces mouvements freaks inquiètent bien sûr, ils peuvent apparaître comme la dissolution des mœurs avant coureuses de la Fin des Temps.
Mais la Fin des Temps, ce n'est pas la fin du temps, c'est une délivrance des faux temples qui nous enferment. C'est un "à temps" que nous attendons dans une convergence des temps, où tous les temples s'autodétruiront devant une vérité qui s’imposera à eux dans sa grande évidence. Chaque Temps correspond à un Temple. Il y a beaucoup trop de temples anciens et nouveaux pour une seule vérité. Le Temple de la Fin des Temps, c'est une tente du désert qui se réveille dans un jardin, c'est l'entrée dans le Temps des Jardins. Une vérité commune aux trois monothéismes : le jardin du Paradis.
En attendant "l'à temps", ou l'avent, les artistes et le paranormal sont dans l'air du temps. Ils nous envoient des messages et des présages. Pombo l'a encore fait cet été en 1998 à Châteauneuf-Le-Rouge avec des peintures de personnages apocalyptiques, où pierre et chair se mélangent.

Le Maurepas

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