mardi 10 novembre 2009

Chapitre V : L’archétype féminin

Si les athées peuvent facilement écarter l'idée de Dieu, ils ne peuvent pas ignorer aussi simplement la présence des morts peuplant invisiblement le spirituel et réunis tous ensemble par les mêmes maux répétés avec les mêmes mots qui martèlent inlassablement notre esprit. Sans nous référer à la parapsychologie ou à la métempsycose, les mots a un (r) prés sont les êtres vivants des morts de notre histoire et de ses malheurs, de notre culture et de ses joies, de nos discours et de nos romanciers. En quelques mots de nos génies, en un mot de notre génie. (1)
Les morts nous rassemblent autour de leurs flammes, de leurs monuments de pierre et de leurs statues d'airain. De leur multitude sont nées nos nations, forgés dans l'adversité et la guerre. Il n'y a pas d'institution républicaine qui ne soit le fruit d'un bain de sang, il n'y pas de conquête sociale qui n'ait ses martyrs. De leur sein, comme du sein du grand nombre émergent nos saints pour les chrétiens, nos archétypes pour nos philosophes, nos mythes, nos archaïsmes et notre idiosyncrasie. Dans tous les cas, ils sont nos dénominateurs communs, sinon nos dominateurs quand l'un d'eux supplante tous les autres dans notre société.
De toute évidence il existe d'abord deux archétypes primitifs, l'un est féminin, l'autre masculin.
L'archétype féminin est une reine née de l'écume de la mer, devenue avec les millénaires la terre mère, si grosse, si féconde et si-rène quand, dans son assomption mariale elle devient Marianne pour la République française. De mer, en mère, jusqu'à la mairie de France, là où Monsieur Le Maire nous marie devant son divin buste, elle est la nouvelle sainte Marie dont la sainteté est d'être au-dessus de tous les cultes et de son propre culte. Grâce à quoi, la divinité peut réunir tous les hommes de toutes les confessions sous le même toit.
Un jour elle sortira de son idiosyncrasie trop française, du code napoléonien actuel, de ses frontières étroites et si bien gardées et, elle se métissera. Déjà elle a gagné l'Europe des douze. Europe sera une belle fille libérée, aimée de Zeus, mère de Minos, avec la musique allemande et la tauromachie dans l'âme, des audaces anglaises pour ses chapeaux comme la Reine d’Angleterre, une tendresse familiale italienne, une distinction toute française et plus.
Demain la Sirène sera noire, du Tiers Monde et si-reine aux Nations Unies, qu'elle sera universellement reconnue.
Paradoxalement l'archétype féminin que l'on appelle le sexe faible est d'une grande puissance, il est l'énergie thermique, nucléaire, pétrolifère enterrée dans le sein de la terre, qui a détrôné depuis bien longtemps l'énergie musculaire masculine. Le féminin qui donne la vie, qui symbolise la démocratie est en plus le symbole de la puissance moderne.
Entre l'homme et la terre, il y a la femme, ses intuitions et son bon sens qui préservent ses enfants de la misère noire.
L'archétype masculin, ou plutôt l'empire masculin, est un roi prométhéen qui dirige, établit, construit et transforme le monde. Forgé de l'acier trempé dans le feu, il est l'âme de l'épée à double tranchant du mal et du bien, du mensonge et de la vérité, de Saint Jacques ou d'Allah. Epoux de l'archétype féminin, de sa dague il lui perce le cœur par amour pour la féconder et l'embellir, ou pour faire la guerre et développer des industries guerrières, polluantes et malsaines pour elle.
De cette relation pour le moins épineuse et pimentée apparaît un troisième larron, le serpent qui s'enroule et s'appuie tout le long du caducée de la concorde et des échanges si caducs et hermétiques entre les hommes. Certes ce bâton d'Hermès est caduc. Ce n'est ni l'arbre de vie du Paradis, ni la panacée à tous les maux de la médecine, ni la corde cannabinacée de la soif de Pantagruel à l'universalité. C'est plutôt un commerce social fort mal ficelé, une toile d'araignée qui s'effiloche par tous les bouts.
Voilà en peu de mo(r)ts nos dominateurs amoraux et incontournables qu'il faut harmonieusement ac-corder pour la con-corde sur la terre, comme aux cieux, depuis qu'en 1492 les deux tribunaux divins se détestèrent cord-ialement.
Le Maurepas

Note :
(1) Les mots, sanctifiés par les livres saints, relient le monde lisible au monde spirituel aussi bien que les plus belles images ou les plus beaux et éphémères miracles, qui sont à un (i) près des mages et des oracles, des immanences pour notre futur illisible et invisible.

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