mardi 10 novembre 2009

Chapitre II : Les mots des maux des morts : Le Maurepas

Les mots appartiennent aux morts. Nous les avons reçu en héritage. Ils sont ce qui reste de vivant de nos morts, de leur génie et de leurs malheurs. Les mots sont les maux de nos morts.
Leurs maux sont si anciens que la couleur violette des violences qu'ils ont subies, fruit du viol de leurs amours, du viol-et de leurs biens et de leurs libertés, est devenu du violet, un violet déteint par le temps, un violet mauve, passé, fané de fleurs plastiques détrempées, abandonnées aux intempéries sur les tombes des cimetières.
Le mauve est la violence oubliée de leurs maux pardonnés.
Le mauve et le violet, sont les couleurs "del Cristo de los Milagros de Lima " au Pérou. Ce sont les maux infligés aux indiens péruviens au nom du Christ par le Matamore Santiago.
Le mauve, c’est de la sueur déteinte en auréoles violettes sur le bleu de chauffe du mineur, de l'ouvrier, et d'Hogou Ferraille en Haïti, d'Ogoun, Ogun à Cuba et au Brésil.
Face à la peur de vivre de ma mère, pour la rassurer et se moquer discrètement de son souci indéterminé de la vie, mon père répétait doctement en décrescendo :
"On a bien des maux, on a bien des maux, ah! mais..."
J'en fis ma philosophie et j'inventai le chemin mauve du pas du maure ; le maurepas des mots des maux des morts.
Les maux sont momentanés, ils ne laissent qu'une trace mauve, ils sont les malheurs d'une mauvaise heure que l'on peut adoucir avec le temps.

Le maurepas

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