dimanche 21 novembre 2010

7° neuvaine littéraire, lundi 8 novembre 2010



(Extrait de Magie Bleue)

Le guédé Christ ou le complexe des occidentaux
Réflexions de 1988
  
L'assassinat du fils de Dieu nous a donné un complexe collectif de culpabilité. De ce sentiment est né le génie du Christ, son guède, ce Baron Samedi dont nous parlerons dans le prochain chapitre. Mais on peut dire qu’il est vengeur de Dieu et contre les principes et le gré de Dieu !
C’est vraiment pervers.
Les actes de confession et de pénitence ont modifié en bien les comportements des Romains et des Barbares. En ce temps là, le christianisme a eu le mérite de calmer les gens assoiffés de sang et de jouissance et ce fut la fin de "Néropolis" (1).
Mais cette pénitence n'a pas cessé de torturer notre âme, et certainement par décence envers le meurtre du Christ, les concepts de chasteté et de péché de la chair ont plus que d'autres pétri le cœur des Européens.
Si l'église catholique fut contrainte de redonner au peuple ces dieux païens en canonisant des saints Guédé, la Réforme y mit bon ordre et élimina le culte des morts et les saints, avec malheureusement le concept de la sainte Vierge Marie (2).
Les protestants sombrèrent dans un complexe puritain pour se blanchir de la mort du Christ, s'enfermer dans le culte du travail, en vue de préparer la révolution industrielle. Prométhée est comparable au Christ, son génie s'est fondu dans celui du Christ pour l'enrichir de cette soif de dominer la nature.
C’est notre foi dans la croissance.
Prométhée enchaîné sur un rocher, le foie dévoré par un oiseau de proie, parce qu'il a voulu donner aux hommes le feu du ciel pour forger l'acier, est un immortel ressemblant à Hogou Ferraille dont je dois vous parler et au Christ cloué par le fer sur sa croix pour sauver les hommes.  
Mais de quoi ??
L'anticléricalisme de la révolution française répond au désir de se libérer de l’Eglise, mais elle l'intériorise à son insu, avec son devoir de progrès et de croissance.
Les réflexes des athées sont chrétiens, et nous ne cessons de nous culpabiliser à tout propos.
Pascal Bruckner, sur la page de garde de son livre « Le sanglot de l'homme blanc », montre comment nous nous accusons encore :
"A priori pèse sur tout occidental une présomption de crime. Nous autres européens avons été élevés dans la haine de nous mêmes, dans la certitude qu'au sein de notre culture un mal existentiel exigeait pénitence. Ce mal tient en deux mots : colonialisme et impérialisme.
La mauvaise conscience oriente donc le regard que nous portons sur nous mêmes et sur le Tiers Monde surtout depuis la fin de la guerre d'Algérie. Elle a créé cet objet croupion, à mi-chemin d'un marxisme et d'un christianisme abâtardi, le "Tiers-mondisme", idéologie désignant l'Europe et l'Amérique comme la cause unique de tout ce qui est négatif dans l'histoire. C'est elle encore qui oppose un sud radieux, peuplé d'agneaux et de martyrs, à un nord rapace, habité de loups et de nantis."

La coopération des années 80 souffre de ce mal.
Craignant d'être accusée de néocolonialisme, elle prend trop de précautions puritaines, que personne n'exige d'elle. Elle souhaite réussir à donner une aide toute aunisienne et désincarnée.  
Elle a peur que ses ressortissants prennent pied dans le Tiers Monde. Ils sont censés n'être là que pour un transfert de matière grise. Dans cet esprit, ils jouissent d'une voiture détaxée, dont la vente, si elle est tolérée au moment de leur départ, est contraire aux souhaits de la diplomatie. Pour chaque déplacement en France une cantine les accompagne contenant leur literie et leur service pour leur éviter des doublets.  En réalité cette cantine sert : dans un sens, à transporter des conserves, du savon et du vin, et dans l'autre sens, de l'artisanat.
Voudrions-nous prétendre être des présences immatérielles ?
Au Pérou, dans les années 75-80, 
de nombreux jeunes coopérants épousaient de jeunes péruviennes, Paris s'inquiéta de l'immaturité de ses volontaires.
La dynamique du sanglot blanc tient le haut du pavé des médias, ce sont des sanglots puritains bien tardifs, qui indirectement servent encore nos intérêts !
Il relance l'exploitation dans une autre direction et souvent à l'insu des idéologues qui sont de grands complexés par le guédé du Christ.
Sartre et les intellectuels révolutionnaires de l'après 68 ont cautionné des dictatures expansionnistes, des génocides pour leurs couleurs politiques, alors qu'elles alimentaient des conflits armés qui finançaient l'industrie militaire occidentale.
L'esclavage a été aboli pour des raisons prétendues humanitaires et morales par les puritains anglais, mais seulement quand la traite n'était déjà plus rentable. Pour l'ancien maître, son esclave était devenu une charge inutile à entretenir, il le libérât et le mit à la porte. L'affranchi, sans ressource, dut se débrouiller tout seul et s'en aller. Il partit grossir le nombre des chômeurs dans les villes !
Les Européens n'ont pas voulu comprendre que le noir débarqué d'Afrique avait cru que l'amour et la richesse vont ensemble. Qu'il doit être bon de servir ces Européens qui semblent avoir les dieux avec eux.
Le marchand africain a pu faire le même raisonnement, son captif avait une chance de tomber sur un bon maître comme "Ali-Baba".
Dans ce commerce ce n'était pas le vendeur qui se responsabilisait de la condition humaine des esclaves mais l'acheteur. L'esclave dans son dénuement n'a que l'amour octroyé..! Incapable d'aimer l'humanité noire, le puritain après avoir dénoncé l'infamie de l'esclavage invente l'apartheid et abandonne son ancien serviteur !

(1) "Néropolis" est un roman écrit par Hubert Monteilhet sur la fin de Néron et le développement du christianisme dans Rome.
(2) L'absence des saints dans le protestantisme est à l'occasion un refuge pour les vodouisants quand ils veulent fuir les dieux du vaudou.





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